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L’esprit des steppes

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Dimanche 20 octobre 2013, 19h30
L’esprit des steppes

Concert-voyage
autour de Pasternak et de Gurdjieff
par Alain Kremski, piano et Zéno Bianu, poésie.

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Dans le cadre des
Cartes blanches aux écrivains fous de piano

Le troisième dimanche de chaque mois
une programmation de Catherine David*
*

Halle Saint Pierre
Réservation conseillée : 01 42 58 72 89
Participation aux frais :10€ plein tarif ; 8€ tarif réduit

***

Soirée russe consacrée à Boris Pasternak et Georges Gurdjieff

 L’Esprit des Steppes 
Concert-voyage
par Zéno Bianu et Alain Kremski

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Zéno Bianu et Alain Kremski nous invitent à un concert-voyage autour de Pasternak et de Gurdjieff. En écho aux textes inspirés et aux musiques inattendues de Pasternak et de Gurdjieff, nous entendrons principalement des œuvres pour piano de Liszt, de Borodine et de Kremski, ainsi que des textes de René Daumal et de Zéno Bianu qui participent du même souffle poétique.

Sauf à la fin de ce concert/lecture, il n’y aura jamais de musiques sous les textes, qui sont en alternance. Deux énergies, mais un seul chemin, selon un jeu de correspondances secrètes, pour entraîner les auditeurs dans un voyage à la fois poétique, musical, imaginaire, géographique et spirituel.

Textes :

Boris Pasternak : Trois poèmes sur la nuit. Journées sans pareilles
Jacques Lacarrière : Juste avant la nuit. La poussière du monde
Henri Michaux : La Grande ouverture
René Daumal : Feux à volonté. Extraits du Mont Analogue
Bianu : Le coup de vivre. Éloge du souffleur. Poème des degrés. Danseurs de paradis


Musiques :

Franz Liszt : Sunt lacrymae rerum (en mode hongrois, extrait des Années de Pélerinage)
Boris Pasternak : Prélude (1906 )
Musique russe traditionnelle : Berceuse sur le fleuve Terek, berceuse cosaque
Alexandre Borodine
: Dans les steppes de l’Asie Centrale
George Gurdjieff/Thomas de Hartmann 
: Danse de derviche Pythagore n° 3
La grande prière (danse/cérémonie de derviches). Danse/mélodie derviche
Albeniz : Rêverie
Kremski 
: Raga  ( improvisation )

***

REGARDS SUR LES MUSIQUES DES « ECRIVAINS-MUSICIENS »
par ALAIN KREMSKI

On me demande souvent pourquoi je joue les musiques pour piano composées par les écrivains NIETZSCHE, PASTERNAK, GURDJIEFF, musiques peu connues du grand public, surprenantes et inattendues.
Il ne s’agit pas d’une simple curiosité anecdotique : je ne les jouerais pas si elles n’étaient pas d’abord belles et émouvantes, tout simplement.
Mais elles me fascinent, parce qu’elles font apparaître quelque chose de mystérieux, qui est de l’ordre du destin…
Pourquoi un homme choisit-il, à un moment de sa vie, une voie – la littérature – plutôt qu’une autre – la musique ?
Énigme, à laquelle nous ne saurions répondre…

PASTERNAK et NIETZSCHE, ont composé des musiques authentiques, vraies.
Ils auraient pu devenir des compositeurs accomplis et aussi connus que BRAHMS, SCHUMANN ou SCRIABINE, s’ils avaient approfondi ce chemin…

La maison des PASTERNAK accueillait de nombreux artistes. Une atmosphère stimulante dans laquelle vivait le jeune Boris, qui apporta à SCRIABINE ses premières compositions.
Boris PASTERNAK a très peu composé. Un prélude pour piano, œuvre de jeunesse
( 1906 ) m’a profondément touché. Il se dégage de cette musique  romantique une force extraordinaire. Musique émouvante, personnelle.  Musique puissante, avec des harmonies audacieuses. Musique tourmentée parfois, où l’on retrouve la même atmosphère que dans son livre « Docteur Jivago », ou dans ses poèmes, moins
connus :

« A mi hauteur la pente était brisée. A mi hauteur naissait la voie lactée.
Les arbres gris d’argent , les oliviers voulaient s’enfuir, se perdre à l’horizon.
(…) Sans résister il s’était dépouillé de sa puissance et du don de miracle.
Il était seul et mortel comme nous  »

                                       ( Boris Pasternak, poème Le jardin de Gethsemani )

Pour NIETZSCHE, la musique était essentielle, vitale. Il parlait souvent de la
«  troisième oreille », qu’il lui arrivait de nommer « Oreille de mon amour ».
Il y a dans sa musique une profondeur, une force, une lumière, une grande beauté…
Et aussi une tendresse, une mélancolie, quelque chose de juvénile, proche de ses poèmes de jeunesse, loin de l’image du NIETZSCHE sombre caricaturée par sa sœur après sa mort.
La première qualité qui frappe chez NIETZSCHE, c’est ce charme, cette invention de la ligne mélodique. Il avait le don des thèmes.
Comme NIETZSCHE l’écrivain, NIETZSCHE le compositeur, qui était également bon pianiste et improvisateur, ami de Clara SCHUMANN, raconte à travers ses musiques une histoire, comme un écrivain à travers une nouvelle. Il surprend l’auditeur, car souvent, les harmonies, les fins de phrases musicales, l’ordre des sons ne correspondent pas à ce que notre mental attend ou prévoit.  Brusquement ses musiques suivent un autre chemin vagabond que celui de la logique. Il en résulte des musiques avec un charme étrange, comme suspendues dans le temps… Certains silences sont surprenants. Souvent une musique s’arrête comme sur un point d’interrogation, une question, une attente…

Dans sa musique on peut percevoir toute une gamme de sentiments : mélancolie, souffrance, joie, sérénité, pudeur, le poids de la solitude, et aussi l’amour de la nature. Musiques de l’Âme, du Clair-Obscur. Une lumière intérieure, mystérieuse, comme dans certaines toiles de REMBRANDT… Musiques du passage vers l’Ailleurs…

«  Je suis revenu
Fatigué comme un voyageur

A qui le pays natal chante

avec douceur son chant du soir.

Yeux insondables,

Enfants mystérieux,

Regards, voyez comme une magie
Ici enveloppe tout (…)
Comme un rêve le souvenir
Chante son chant étrange. »   

Nietzsche ( Dithyrambes pour Dionysos )

La musique de GURDJIEFF, composée en collaboration étroite avec le compositeur
russe Thomas de HARTMANN, est à part.
GURDJIEFF, maître spirituel, grand voyageur, disparut pendant une vingtaine d’années.
On sait qu’il séjourna dans des monastères secrets de l’Asie Centrale, du Tibet, etc.
Ses musiques en gardent la vibration, le parfum, une couleur étrange, envoûtante.
Certaines sont issues de mélodies populaires, rappelant les voyages dans les steppes…
D’autres sont du domaine du sacré, de l’irrationnel, inclassables.

Thomas de HARTMANN écrivait : «  La musique de GURDJIEFF est très variée. La plus émouvante est celle qu’il se rappelle avoir entendue au cours de ses voyages en Asie dans des temples peu connus. En entendant cette musique, on est remué jusqu’au fond de l’Être…» (  « Notre vie avec Gurdjieff » – éditions Planète )
Les musiques de GURDJIEFF sont liées à un voyage à la fois géographique et spirituel, qui me rappelle mes lectures de jeunesse, comme le Michel Strogoff de Jules Verne, ou plus tard, le journal extraordinaire d’Alexandra DAVID-NEEL…
A la recherche d’une vraie connaissance, dont il pensait qu’elle était encore préservée dans des écoles ésotériques en Asie,  GURDJIEFF avait formé avec ses compagnons de voyage le groupe «  Les chercheurs de vérité »
Les musiques pour piano de GURDJIEFF réveillent chez l’auditeur cette éternelle «  Nostalgie de la Source Perdue » c’est sans doute pour cela qu’elles touchent de nombreux publics. Elles participent à la fois du réel et de l’imaginaire.

Les musiques de PASTERNAK, NIETZSCHE, GURDJIEFF ont en commun cette « Quête de l’Absolu » et ont une relation spéciale avec la philosophie. Paysages de  l’Âme à la fois familiers et inconnus, paysages du dehors, paysages intérieurs…

René CHAR écrivait :  «  les poètes ne laissent pas des œuvres, ils laissent des  traces, car seules les traces font rêver…»

                                                                                             Alain Kremski

***

Alain Kremski. Grand prix de la Ville Paris, Premier Prix du Concours International de composition PRINCE PIERRE DE MONACO ( catégorie musique symphonique ) Premier Grand Prix de Rome, Prix de la MARSDEN FOUNDATION ( New York ) et de la Fondation Lili BOULANGER , Alain Kremski mène une double carrière de compositeur et de pianiste. Il a été encouragé dans ses études par Olivier MESSIAEN, Darius MILHAUD, André JOLIVET, Henri DUTILLEUX, Nadia BOULANGER, etc…
Compositions pour piano, orchestre, chœur, musique de chambre. Il compose aussi pour une collection d’instruments d’Asie : Bols rituels chantants ( Tibet ) Bols bouddhiques sacrés (Japon ), Grands bols de cérémonies taoïste ( Chine ) Gongs et grandes plaques rituelles de monastères
( Birmanie ) Cloches de temples ( Inde, Népal Tibet ) etc… Collection rare d’instruments anciens avec lesquels il donne également des récitals, invité dans les festivals en Europe, Amérique du Sud, Asie…
Collaborations pour le théâtre, le cinéma, la danse avec Peter BROOK, Aurélien BORY, Carolyn CARLSON, Laurent TUEL, créations de nombreux concerts/lectures avec Jeanne MOREAU, Michaël LONSDALE, Zéno BIANU, Jean-Loup PHILIPPE, Aurore CLEMENT…
Il a enregistré de nombreux CD, notamment les musiques extraordinaires et peu connues des écrivains NIETZSCHE, PASTERNAK, GURDJIEFF.  La plupart de ses CD ont obtenu le ffff TELERAMA, le CHOC du MONDE DE LA MUSIQUE et de CLASSICA.

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Zeno Bianu. Né à Paris en 1950, Zéno Bianu fut l’un des signataires du Manifeste électrique qui secoua la poésie des années 1970. Il est l’auteur d’une œuvre multiforme, forte de cinquante ouvrages, qui interroge la poésie,  le théâtre, le jazz et l’Orient. Publiés notamment chez Gallimard (Infiniment proche, Le désespoir n’existe pas, Prendre feu – avec André Velter) et chez Fata Morgana (Traité des possibles, La troisième rive), ses écrits entrent volontiers en résonance avec les grandes figures-limites de l’art : d’Antonin Artaud aux Poètes du Grand Jeu, de Van Gogh à Yves Klein. On lui doit également une trilogie publiée aux éditions du Castor Astral : Chet Baker, Jimi Hendrix, John Coltrane. Ses pièces et adaptations, éditées par Actes Sud-Papiers, ont été jouées au Festival d’Avignon et à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, notamment Le Chevalier d’Olmedo, dans une mise en scène de Lluis Pasqual, avec Jean-Marc Barr, L’Idiot, dernière nuit, avec Denis Lavant et Un Magicien, avec Robin Renucci.  Ses textes ont croisé les voix de Tchéky Karyo, Jacques Bonnaffé, Jean-Luc Debattice, François Marthouret, Pierre Clémenti, Isabelle Carré, Juliet Berto, Geneviève Page, Thierry Hancisse, Clovis Cornillac, Agnès Sourdillon, Elise Caron… Familier des poétiques orientales, il a composé deux anthologies de haikus avec Corinne Atlan (Poésie/Gallimard).

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*Catherine David, auteure notamment de la “Beauté du geste” (Calmann-Lévy 1994, Babel 2006) et de  « Crescendo, avis aux amateurs »  (Actes Sud 2006)

 


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